ADN « Tourisme durable » : Vincent Fonvieille

Fondateur de La Balaguère et président du réseau ATR, Vincent Fonvieille est un homme ancré dans son territoire, les Pyrénées, qui a peu à peu construit un projet de vie rassemblant ses attaches, ses passions et ses convictions, soit un triangle vertueux où la montagne joue un rôle de pivot. Passionné de randonnée mais aussi ouvert sur l’ailleurs et les cultures du monde, l’homme a depuis toujours multiplié les engagements en faveur du tourisme durable, essentiellement parce que le durable, c’est avant tout une façon de vivre et de penser, du bon sens bien au-delà des mots, une éducation au-delà des combats militants, qui n’en restent pas moins présents. Tout est parfois question d’échos.

Vincent Fonvieille@DR

Trente ans déjà !

En 2015, le capitaine de La Balaguère a fêté ses trente ans, trente ans à faire marcher, voyager, sillonner, rencontrer, réfléchir. Trente ans et trente-cinq salariés, quelques soixante guide-accompagnateurs qui, depuis le Val d’Azun (Hautes-Pyrénées), mettent le monde à portée de tous. Près de 800 destinations au catalogue, un chiffre d’affaire autour de 12 millions d’euros, 15 000 clients en 2015, le tout sans pour autant perdre son indépendance. Aujourd’hui, 82% de l’entreprise appartient toujours à ses fondateurs et pour Vincent Fonvieille, c’est à la fois un gage de qualité mais aussi d’indépendance : « Être indépendant nous donne cette liberté d’entreprendre sans toujours avoir en tête l’objectif de rentabilité. Certes, c’est important, mais on a aussi envie de s’engager sur des projets moins rentables qui nous passionnent comme Eldorando ou les Randos Philos. A un moment, Voyageurs du Monde s’est intéressé à nous et j’ai sérieusement réfléchi. Je me sentais un peu seul, j’ai beaucoup de respect pour ce groupe, mais j’ai fini par dire non. Au final, je ne le regrette pas, cela a donné un coup de peps à  l’équipe et depuis, on se porte très bien. »

Le voyage à pied@DR

La parabole de la montagne

Elevé en Ariège, Vincent Fontvieille a intimement lié son destin à celui des Pyrénées.  Un temps fonctionnaire à l’Office des Forêts, il crée un gîte à Arrens-Marsous puis une association qui propose des randonnées, La Balaguère. Nous sommes en 1984, l’année du lancement du Salon de la randonnée. Peu à peu, l’association va prendre ses marques. En 1988, La Balaguère est présente sur l’ensemble du massif pyrénéen. Le cercle des accompagnateurs et de guides haute montagne s’élargit. Certes, le temps passant, des années sont plus compliquées que d’autres, mais les bonnes personnes apparaissent toujours sur ces justes temps, à l’instar de Maurice Freund qui, en 1995, après une année difficile, incite le voyagiste à proposer la Mauritanie et à en devenir le spécialiste français. Ce sera déterminant. Jusqu’en 2004, La progression est fulgurante. Devenu le cinquième TO français d’aventure, la Balaguère se diversifie au fil des ans. Aujourd’hui, au-delà de la randonnée, elle propose des circuits à vélo, des découvertes plus culturelles, mais son cœur de métier reste le voyage à pied.

On dure parce que l’on est durable…

Et le tourisme durable ? Sûrement pas un vain mot dans la bouche de Vincent Fonvieille, à se demander d’ailleurs si ce n’est pas l’un des secrets de l’incroyable longévité de son entreprise. Fort de son ancrage en montagne, le respect de l’environnement sonne presque comme un réflexe. Il va de pair avec le respect des populations visitées et le souci du territoire, des territoires…  En outre, dans les années 2 000, La Balaguère participe à la création du réseau ATR, dont Vincent Fonvieille est aujourd’hui président. « Si pour nous le respect de l’environnement sonnait comme une évidence, ATR nous a beaucoup aidé à progresser sur les champs du social, du sociétal. Car si on veut que toute la chaine soit vertueuse, de nos bureaux jusqu’au chamelier, il faut vraiment engager des procédures et la certification AFNOR des débuts nous a vraiment poussé, même si elle a demandé beaucoup de travail. Après, nous souhaiterions aller plus loin sur certains engagements mais nous n’en avons pas toujours les moyens. Je m’interroge aussi sur la question des GES. On en est à peine au stade de la prise de conscience. Il reste beaucoup à faire et il faut sans cesse se remettre en question… »

Vincent Fonvieille@DR

La feuille retombe toujours au pied de l’arbre

Cet engagement pour le durable, on le retrouve aussi dans le combat plus local que mène l’homme au cœur de son territoire. Elu consulaire, Vincent Fonvieille est soucieux du développement économique de sa vallée, du maintien des emplois, et se bat pour créer une marque « Pyrénées » afin d’accroitre la notoriété du massif et fédérer les énergies. « La Marque Pyrénées a pour objectif de rassembler tous les acteurs derrière une même bannière pour communiquer d’une même voix. Nous travaillons avec un cabinet spécialisé qui a mis en exergue un socle de valeurs communes qui rassemblent tous les Pyrénéens. Il y a une vraie attente. Les Pyrénéens se sentent Pyrénéens et ont besoin de faire mieux connaitre leur territoire ». Et pour aller au bout de cette logique, La Balaguère souhaite à présent développer le réceptif et accueillir plus massivement la clientèle étrangère au cœur des Pyrénées, avec entre autres projets la création d’un hôtel. « Cela facilitera l’hébergement sur place au moment où l’investissement hôtelier reste difficile. » Ouverture prévu au printemps prochain. Une invitation de plus pour retrouver le plaisir des sentiers et mettre ses pas dans les traces des hommes simples.

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http://www.labalaguere.com/