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ATR, dix ans et des envies de grandir encore…

| Publié le 29 mars 2014
             

ATR a dix ans, dix ans et des envies de le faire savoir, dix ans et des envies de communiquer, dix ans et des envies de grandir encore. Alors, au soir du 27 mars, ils étaient nombreux à s’être déplacés pour une soirée oscillant entre le bilan et la marche vers demain, un bilan retracé en dix victoires qui revient sur les grandes dates du réseau, mais aussi, un regard vers l’horizon avec des ambitions nouvelles : déployer la certification ATR et devenir un acteur incontournable du tourisme responsable.

ATR bouge

L’équipe d’ATR au soir du 27 mars @G.Rohart

 

Dix ans et dix victoires !

Dix ans, dix victoires et toutes celles à venir… ! C’est le dossier de presse qu’ont reçu un parterre de journalistes pour tenter de faire comprendre et d’ouvrir à une presse touristique plus large les actions et les engagements des différents membres d’ATR. Le ton est donné. Après des années de réunions (AFIT), de coordination, de certifications (AFNOR), de chartes et grandes messes éthiques dans le microcosme du tourisme responsable, ATR veut changer d’échelle, faire savoir et clamer au grand public combien ces années de réflexions et d’engagement ont permis de faire évoluer tout un pan d’une profession vers une certaine maturité. Guidés par tout un panel d’engagements et de critères, ces T.O responsables pèsent aujourd’hui 357 millions d’euros, 205 000 voyageurs que se partagent à présent (il y a eu des départs et des arrivées) onze voyagistes. Parmi eux, le groupe Voyageurs du Monde avec Voyageurs du Monde bien sûr mais aussi Terres d’Aventure, Chamina, Comptoir des voyages et Nomade Aventure. On trouve également Atalante, l’un des pionniers d’ATR, qui a rejoint le groupe Geophyle. Enfin, d’autres T.O d’aventure et spécialistes de marches à pied tels La Balaguère, Allibert trekking, Tirawa, Terre Voyages et Grand Angle, le seul des onze à n’avoir pas obtenu la certification AFNOR.

Des réalisations concrètes

Parmi les nombreuses réalisations courageuses et engagées de ce groupe peu banal, à la fois soudé et concurrent, où des personnalités très fortes et très indépendantes se côtoient, il faut saluer, au-delà de la certification AFNOR (la base du « label » ATR),  le développement de fiches pays qui ont permis de mettre en commun les informations dont disposaient les uns et les autres sur des points touchant autant au juridique, à l’environnemental, au social qu’au marché touristique. Autre initiative à souligner, la mise en place d’une Commission Sécurité dont les objectifs sont d’échanger de l’information en toute transparence sur les destinations à risque, à évaluer parfois les dangers réels d’un territoire en menant des enquêtes poussées de terrain, ce, en coordination avec le MAE qui a appris à respecter ces acteurs peu banaux qui vont se faire leur propre idée sur place. Certes, les débats sont parfois vifs au sein des membres du groupe mais il y a une vraie transparence et des échanges constants, et personne n’est bien sûr obligé de suivre ce que fait le voisin. Parfois, la Commission va jusqu’à mener des missions de sécurité, tel ce rapatriement de 150 touristes coincés dans le sud libyen mené en février 2011 au moment de l’attaque de Tripoli par Kadhafi, une opération aéroportée  organisée en collaboration avec le MAE. Enfin, ATR et chacun de ses membres soutiennent de nombreuses actions de solidarité, que ce soit vis-à-vis des communautés locales, pour préserver l’environnement ou pour valoriser le patrimoine culturel.

Logo de ATR

Le dilemme de la grenouille

Le réseau a toutefois de nouvelles ambitions et notamment, l’envie de s’ouvrir à d’autres partenaires, des T.O plus classiques (Asia, Kuoni, Vacances Transat…) ou plus petits (que le coût de la certification AFNOR avait pu écarter), ce, avec une labellisation qui se verrait assouplie afin de proposer un outil accessible à ces différents types de voyagistes.  Ouvrir également le collectif ATR à d’autres partenaires (universités, écoles, médias, voyageurs, etc.) afin de devenir, comme l’a expliqué Julien Buot, son nouveau directeur, la référence du tourisme responsable en France. Alors, certes, le défi est conséquent, d’autant qu’il est également présenté de manière chiffré avec, à l’horizon 2016, un objectif de 500 000 voyageurs, 1 000 000 pour 2020…  On ne s’étonnera donc pas que d’ores et déjà, nombre d’acteurs du tourisme responsable, éthique, solidaire… s’inquiètent de ces envies de grossir, de cette volonté de faire prospérer un réseau où les critères de certification risqueraient d’être de moins en moins faciles à maitriser sur le terrain, où la qualité initiale d’un label serait diluée par une profusion de « sous label » pas toujours facile à saisir (c’est déjà complexe !).

D’un autre côté, les membres du réseau ATR désirent sortir des schémas militants et faire venir le grand public au tourisme responsable. Et il faut reconnaitre que le tourisme responsable a besoin de s’émanciper, de quitter son petit monde pour être mieux connu et compris du grand public. Bref, un dilemme que l’on pourrait s’amuser à résumer ainsi : grossir et risquer de perdre de vu ses objectifs premiers ou rester petit et cantonner ses engagements responsables à un public restreint. On pourrait enfin conclure en se disant que le tourisme « responsable » est un peu au tourisme ce que le bio est à l’agriculture, il y a les purs et durs, les militants plus raisonnés, les inconscients, les désinformés, les « empesticidés »… On pourrait également ajouter que le tourisme est par nature une activité ambivalente, avec ses effets pervers mais aussi ses effets bénéfiques pour les peuples et les territoires visités. On pourra toujours trouver du pour et du contre, alors, tenter de faire un peu mieux, se battre pour sensibiliser la profession et le grand public, tenter de fédérer un réseau plus vaste reste un combat à saluer, porter, et soutenir, et l’on ne peut que souhaiter aux membres d’ATR d’arriver à faire passer auprès du plus grand nombre les bonnes pratiques et le respect des peuples visités, le monde ne peut que mieux s’en porter.


ATR, dix ans et des envies de grandir encore… | ©VOYAGEONS AUTREMENT
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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