Betterfly ou l’envol du papillon….
L’année 2018 reste une année à part pour Betterfly, avec une levée de fonds de 400 000 € qui vient confirmer la bonne santé de l’entreprise nantaise. Pour sa prochaine étape, l’éditeur de logiciels entre autre porteur de l’étiquette environnementale, souhaite convaincre toujours plus d’établissements, hôteliers, restaurateurs, spas… d’oser le durable pour optimiser leurs coûts d’exploitation et minimiser leurs impacts. Rencontre avec Hubert Vendeville, fondateur et président de Betterfly.
VA/ Inutile de demander comment va Betterfly en 2018 ?
Très bien. On explose depuis la rentrée. Notre récente levée de fond nous permet de continuer à investir dans la recherche et développement de nos logiciels, de renforcer nos capacités d’innovation mais aussi d’embaucher et de nous développer. Nous souhaitons notamment renforcer notre équipe commerciale afin d’augmenter les ventes. Je suis désormais entouré de 15 collaborateurs et nous recherchons encore cinq personnes d’ici la fin de l’année dont un business développeur sur Paris.
VA / Ce qui tendrait à montrer que les investisseurs commencent aussi à regarder ce qui se passe du côté des acteurs qui s’engagent pour plus de durabilité ?
Tout à fait, et d’ailleurs, lorsque nous avons cherché un investisseur, nous avons souhaité appliquer notre philosophie dans ce choix. Nous avons donc fait une liste d’investisseurs susceptibles de répondre à nos critères durables, un filtre qui nous a permis d’identifier une dizaine de structures avec l’aide de FINPAT (notre accompagnateur dans la levée de fond). Sur ces dix structures, toutes ont été intéressées. Certaines souhaitaient que l’on atteigne une taille critique avant d’investir, Aviva Impact Investing France avec le soutien d’INCO nous a fait confiance dès maintenant.
VA/ Et en ce qui concerne l’étiquette environnementale, combien d’établissements engagés à ce jour ?
Depuis 2011, nous comptons 450 établissements engagés, soient environ 400 hôtels et 50 restaurants, spas, etc. Notre objectif est d’atteindre 2 000 hôtels d’ici trois ans pour la France et dans le monde en nous appuyons sur la très forte croissance du moment. Nous rencontrons beaucoup d’opérateurs qui souhaitent optimiser leurs coûts mais aussi travailler sur leur communication, c’est ainsi que nous les aidons avec notre méthodologie innovante. A noter que notre logiciel WINGGY® permet d’économiser jusqu’à 2 euros par nuitée tout en réduisant les impacts de 20%. Pour l’hôtel, c’est tout bénéfice.
VA/ Avez-vous la sensation que les consommateurs suivent également cette tendance vers le durable ?
Tout à fait, le consommateur est toujours plus conscient. Beaucoup d’informations circulent. Toutefois, il a encore du mal à s’y retrouver car les offres de tourisme durable ne sont pas toujours très bien « communiquées ». Ce qui est dommage, car le consommateur serait prêt, mais ne sachant s’y prendre, il donne aux professionnels la sensation qu’il n’y a pas d’attente pour le tourisme durable. Il faut aussi souligner que souvent, les clients étrangers sont plus sensibilisés que les Français, ce qui est positifs, car ils peuvent ainsi challenger nos destinations touristiques.
VA / L’appui des politiques et notamment de l’Etat au facilite-t-il les choses et aident-ils les acteurs à aller vers toujours plus de durable ?
Sur l’affichage environnemental et le gaspillage alimentaire, on peut noter de véritables avancées, une vraie volonté de massifier l’engagement des hôtels et des restaurants. C’est particulièrement notable dans certaines régions ou départements avec, par exemple, un réel intérêt de la Loire-Atlantique pour le durable avec la mise en place du Passeport Vert dès 2011. Nous travaillons également avec l’ADEME, le Ministère de la Transition Ecologique et le MAE. Il est toutefois dommage qu’il n’y ait aucun interlocuteur « tourisme » au niveau national, pas de ministre, et que le secteur soit éclaté entre différents ministères. Cela nous oblige à travailler avec les institutionnels de l’environnement alors qu’une politique touristique lisible faciliterait grandement les choses.
VA / Pour encourager toujours plus les professionnels à passer à l’acte, peut-on imaginer un affichage environnemental inscrit dans la loi ?
L’affichage environnemental est déjà inscrit dans la loi : le dispositif est officiel (le format d’étiquette + le référentiel + la base de données d’impact), mais il n’existe pas encore de décret d’application. Il est également notoire que l’affichage environnemental ne sera pas obligatoire avant 2022 et les professionnels ne sont pas favorables à de nouvelles obligations en ce moment. On peut donc imaginer des étapes intermédiaires en proposant, par exemple, à l’occasion des J.O de Paris en 2024, d’homologuer uniquement les hôtels ayant leur étiquette environnementale. Je travaille en ce sens avec de nombreux acteurs français et internationaux.
VA/ Au-delà de la France, des projets à l’international ?
Tout à fait, nous ne sommes pas que franco-français, notre champs d’action est mondial. Nous déployons nos outils également dans d’autres pays comme le Maroc et les Seychelles. De même, nous travaillons avec de très grands groupes à l’international, tels des hôtels de la chaine hôtelière Marriott ou le groupe Disney. Ces deux groupes ont parfaitement compris l’opportunité de réduire leurs coûts grâce à l’affichage environnemental, un processus gagnant-gagnant.
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Pour en savoir + : www.betterfly-tourism.com
Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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