Camille Thomé revient sur le plan vélo…
Secrétaire générale des Départements & Régions cyclables (DRC), Camille Thomé a été associée à l’élaboration du plan vélo dévoilé par le ministre des transports, Frédéric Cuvillier, le 5 mars dernier. Nous avons eu envie d’en savoir un peu plus sur les coulisses de la préparation de ce plan.
VA/ Quelle a été la part prise par les DRC dans le comité de pilotage qui a œuvré pour la mise en place du plan vélo ?
Les DRC se sont consacrés au cinquième groupe de travail qui portait sur les itinéraires de tourisme et de loisirs. Nous avons également participé de loin en loin aux travaux sur le code de la rue mais l’essentiel de nos demandes concernait le groupe 5 où se traitait la question des Véloroutes et voies vertes.
VA/France Vélo Tourisme a été associé au dernier moment, comment expliquez vous cela quand on connait leur engagement pour le vélo ?
France Vélo Tourisme était également directement concerné par le volet tourisme du plan vélo. Or, la Direction Générale de la Compétitivité, de l’Industrie et des Services (Dgcis) de Bercy, c’est-à-dire ce qu’il reste du ministère du tourisme, a oublié d’associer FVT, organe qu’elle a pourtant contribué à créer. On a parfois l’impression que la direction du tourisme tourne le dos aux grands itinéraires de loisir et de tourisme et à la filière. On comprend mal pourquoi. Mais il y a peut être d’autres explications.
VA/Au final, la place du tourisme dans le plan vous parait-elle satisfaisante ?
Satisfaisant dans les mots. Ce que l’on a demandé a été retenu. Dans les actes, je reste plus modérée. La mesure 21 du plan vélo vise à prendre en compte dans l’élaboration des contrats de projets État-région (CPER) les demandes de financements liées aux aménagements. On demande à voir. Car rien n’est vraiment effectif et chacun se renvoie la balle. Et il faut aussi financer la modernisation du réseau routier. Bref, souvent, à enveloppes constantes, c’est de plus en plus de dépenses pour les régions. Elles ont beaucoup de choses à défendre bec et ongle. Et s’il n’y a pas d’affichage clair du ministre, il devient très difficile pour les régions de prendre en compte les aménagements cyclables dans les CPER.
Pour ce qui est de la mesure 22, soit la promotion du tourisme à vélo. Là aussi, il ne s’agit pour l’heure que de mots. La Coordination Interministérielle pour le Développement de l’Usage du Vélo (CIDUV) n’a pas été associée aux travaux des Assises du Tourisme. On espère que ces grandes déclarations seront suivies de faits. Pour l’heure, le soutien de l’Etat est plus orienté par les projets France Vélo Tourisme (FTV) et Atout France, mais les régions auraient aussi besoin d’un soutien financier et pour l’heure, tout reste encore très indécis, notamment en ce qui concerne la Dgcis, le ministère des transports étant plus clair quant aux infrastructures.
Pour nous, l’enjeu national fort est la structuration de la filière vélo. De nombreux moyens sont mis en place dans les territoires, sur le terrain, mais rien n’est fait pour structurer l’ensemble au niveau national. Donc là-dessus, on reste très mitigé. On a la sensation d’un affichage de principe mais dans les faits…
VA/ Quelle est la mesure qui vous tenait le plus à cœur ?
Pour les DRC, le volet financement est fondamental. On avait intégré l’appui à France Vélo Tourisme, qui est un axe important, mais il nous faut aussi des financements pour les maîtres d’ouvrage.
Enfin, nous avons besoin d’un interlocuteur clé au sein du ministère du tourisme or on ne l’a pas ou en tout cas, on ne l’a plus. Le jour de l’annonce du plan vélo par le ministre des transports, la DGcis était paraît-il présente mais je ne les ai pas identifiés.
VA/ Le manque de financement étatique va-t-il freiner l’action des DRC, des projets concrets vont-ils devoir être abandonnés, retardés ?
Au niveau de notre réseau, cela n’aura pas de conséquence. En revanche, cela va porter ombrage aux maitres d’ouvrage et empêcher que des projets d’itinéraires deviennent réalité. L’an dernier, nous avons fait une grande campagne au niveau européen pour alerter sur ce besoin de financement dans les CPER.
On peut également s’inquiéter du remaniement gouvernemental qui pourrait bientôt être une réalité. Si Mr Cuvillier n’est plus ministre des transports, son successeur ne va-t-il pas tout simplement laisser choir l’ensemble du dossier. Or, à la remise du plan, près de 50 organismes étaient présents, ce qui représentent un nombre important de personnes investies et en nombre et en heures. On peut donc se poser la question de la continuité du projet.
VA/ Au-delà du financement, qu’en est-il du facteur procédural, soit la difficulté à obtenir certaines autorisations pour l’établissement des voies vertes, s’est-il amélioré depuis notre rencontre l’an dernier ou depuis l’annonce du plan vélo ?
Concernant le rôle de l’Etat comme facilitateur de procédures, le plan vélo a mentionné deux éléments. En premier lieu, il est question d’une charte engageant les grands établissements publics de l’état (Voies Navigables de France (VNF), Office National des Forêts (ONF), etc.) qui sont également de grands pourvoyeurs de foncier pour les Véloroutes et voies vertes. De fait, si un accord est signé par des hautes instances dans ces organismes, cela pourrait aider à débloquer quelques dossiers.
En outre, il a été question de modifier le statut de la voie verte dans le code de la route, qui, depuis 2004, est exclusivement réservée aux usagers non motorisés. Prise au pied de la lettre, cette exclusivité peut freiner la réalisation des itinéraires. Or, si le code change et que l’on autorise aussi certains usagers motorisés, cela pourrait jouer sur des éléments bloquants, par exemple, permettre aux VNF de faire passer leurs engins d’entretien (motorisés), et donc, faciliter leur accord pour le passage des voies vertes sur « leur territoire « .
VA/ Pour finir, vous nous confiiez l’an dernier le manque de stratégie nationale quant au vélo, le plan vélo a-t-il répondu à vos attentes en ce sens ?
Oui, s’il est suivi de faits. Les objectifs sont là et le plan est réaliste. Il reste donc 3 ans pour que les ministères de ce gouvernement assurent le suivi des 25 mesures, en lien avec la Ciduv qui a formalisé ces travaux. L’état ne s’est pas trop engagé car le plan ne lui coûte pas un centime, il peut donc objectivement le mettre en place. De nombreuses mesures concernent les collectivités locales et territoriales. Si l’état joue son rôle de facilitateur pour l’action des collectivités, c’est déjà bien. Pour cela toutefois, il faudra que la filière vélo soit prise en compte au sens large par la DGcis. Et là, on est encore loin du compte. Enfin, il reste une grande question, celle des financements. Là, ce sera aux régions et aux départements d’arriver à dégager des lignes vélo dans le CPER.
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En savoir plus :
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/DP_-_mobilites_actives_-_05-03-14.pdf
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Par Geneviève Clastres
Auteur et journaliste indépendante spécialisée sur le tourisme durable et le monde chinois, Geneviève Clastres est également interprète et représentante de l'artiste chinois Li Kunwu. Collaborations régulières : Radio France, Voyageons-Autrement.com, Monde Diplomatique, Guide vert Michelin, TV5Monde, etc. Dernier ouvrage "Dix ans de tourisme durable". Conférences et cours réguliers sur le tourisme durable pour de nombreuses universités et écoles.
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