Flockeo : s’informer, choisir, contribuer !
Thèmatique : Acteur privé Conseils Guides Ingénierie Initiative privée Innovation Tourisme de masse
Nouvelle plate-forme dédiée au tourisme durable puisant ses données dans les prises de vue satellite, Flockeo informe le voyageur sur la destination de son choix et met en avant les acteurs locaux engagés dans une action durable. Avec l’ambition de devenir une communauté mondiale agissante et vertueuse. Rencontre avec ses fondateurs : Cathy, Ghislaine et Tarek…
Voyageons autrement : Quand et de quel constat, manque ou envie est née l’idée de créer Flockeo ?
L’équipe de Flockeo : Durant nos voyages respectifs, nous avons trop souvent constaté que l’engagement des acteurs ou, en tous cas, ce que l’on en voyait, se résumait à de petites pancartes placées dans les chambres et incitant à ne pas donner ses serviettes à laver systématiquement. Aucune information… Avec ça, nous avons assisté à la submersion de Bali, que l’on aime beaucoup, par le tourisme de masse. Assisté aux conséquences sur l’environnement et sur la souffrance que cela amène parfois dans la population. Enfin, avec le réchauffement climatique, cette dimension résonne au quotidien et lorsque l’on sait que le tourisme représente 10% de l’économie mondiale, on imagine le poids du secteur dans la balance. Or il se trouve que deux d’entre nous ont toujours travaillé dans l’observation de la terre, le spatial et les satellites où nous avons vu passer des tas de données qui n’étaient pas utilisées et peuvent être très utiles pour orienter le marché vers des pratiques plus durables. D’où Flockeo !
VA : A quoi sert, concrètement, Flockeo et comment l’utiliser ?
Flockeo : Flockeo est une plate-forme contenant des données et informations utiles au choix de sa destination et servant à mettre en contact les voyageurs avec des professionnels du tourisme ayant les mêmes préoccupations qu’eux et agissant. On est d’abord en contact avec une carte qui contient plusieurs informations présentées de manière simple : pression urbaine, hydraulique, etc. A elle seule, la carte donne une bonne idée de la durabilité de l’endroit et permet de se diriger. C’est un premier niveau d’information ; le second proposant un choix d’adresses et de professionnels engagés avec lesquels on se met en contact directement, le site ne prenant aucune commission et élargissant sa portée à l’ensemble de la planète, ce qui est très rare.
VA : Quelles informations donnez-vous aux voyageurs pour les guider dans la création de leur périple ?
F : Essentiellement des informations sur la durabilité des endroits et sur les actions qui y sont menées sachant que notre charte du tourisme durable englobe les trois champs d’action classiques : environnemental, socio-économique et culturel. Les informations concernant les acteurs sont déclaratives, fournies par eux, mais d’ici quelques mois, chaque voyageur sera en capacité de donner son retour terrain et de formuler de manière simple son opinion sur la manière dont le professionnel respecte ses engagements. Nous sollicitons déjà ces retours et tenons pour notre part un blog qui insuffle constamment de l’information sur régions et actions…
VA : Qu’est-ce que ce site apporte de nouveau que l’on ne trouvait pas sur internet ?
F : Hormis la portée mondiale qui nous parait unique à ce jour, c’est principalement la richesse de l’information donnée qui fait la valeur du site. Nous ne sommes en ligne que depuis fin novembre et d’autres fonctionnalités vont apparaitre mais Flockeo propose déjà davantage d’informations et de données environnementales utiles qu’on ne l’a jamais fait. Notamment parce que l’on n’avait pas encore songé à exploiter ces données satellites ; ce que nous a permis notre expérience personnelle.
VA : En quoi ce recours à la technologie satellite vous parait-il indispensable ?
F : De nombreuses initiatives existent au service de la lutte contre le réchauffement climatique. 2020 est une année de bascule, on le sent dans notre quotidien. Le numérique peut augmenter drastiquement notre empreinte écologique mais c’est aussi un puissant outil pour accélérer la transition écologique. L’intelligence artificielle utilisée à bon escient est une ressource indispensable pour la préservation des écosystèmes naturels. Il nous semble important de cartographier efficacement la planète pour mieux partager aux voyageurs ces informations et ainsi aider à mieux protéger la planète. En nourrissant un algorithme avec des banques de données statistiques et satellites, nous sommes parvenus à dresser une cartographie précise (chaque zone qui constitue la carte du monde représente une superficie de 20km) pour aider les voyageurs à faire leur choix en conscience.
VA : Qu’apportent de fait les vues satellites utilisées ?
F : Une information scientifiquement précise et de plus transparente. Toutes les données que nous utilisons sont libres d’accès et donc vérifiables. Elles permettent non seulement de se faire une idée juste de la situation mais également de la voir évoluer ; désignant clairement les zones où progresse le plus le « surtourisme ». Nous avons d’ailleurs mis en ligne une étude de cas dédiée à Bali qui est très « parlante ». Ce suivi dans le temps permet de faire des projections dans l’avenir et de lancer l’alerte sur les zones critiques. La déforestation par exemple y apparait de manière évidente. Mais ce suivi permet également de faire le distinguo avec les zones naturellement défavorisées : il existe des endroits où l’on manquait d’eau avant même l’arrivée du tourisme…
VA : Pourquoi avoir appelé ce site Flockeo ?
F : En anglais, le terme « flock » désigne la formation en V que prennent les oiseaux migrateurs pour aller plus loin en collaborant et se regroupant. C’est également le mot utilisé dans le dicton « Qui se ressemble s’assemble ». En y ajoutant le « e » et le « o » de « earth observation » cela nous désignait parfaitement.
VA : Quelles contraintes et quels intérêts ont les professionnels du tourisme à s’inscrire sur votre site ?
F : Nous avons préférés le système d’abonnement à celui du pourcentage et proposons donc quatre types d’abonnements. Le premier niveau est gratuit et permet à l’acteur touristique de s’inscrire, donner ses coordonnées et décrire en quelques mots ses engagements et actions. Au second niveau, pour 20€/mois, le professionnel peut ajouter de l’information et des images décrivant mieux ses caractéristiques et engagements. Le troisième niveau lui apporte en plus un service de communication et de marketing : annonces, post, articles, mises en valeur… Et le quatrième niveau enfin, qui n’est pas ouvert encore permettra d’effectuer la réservation depuis notre site même. Mais nous attendons pour cela d’avoir eu le retour des acteurs et des utilisateurs pour voir ce qu’ils attendent vraiment en plus. Sachant que le site est également une manière pour ces professionnels de s’adresser directement à une communauté ciblée, d’autant plus prisée des professionnels qu’elle se compose de gens respectueux et responsables.
VA : Quelle garantie ont les voyageurs de trouver sur votre site des acteurs réellement engagés ?
F : Les voyageurs commencent par trouver des informations parfaitement neutres et précises, fiables, apportées par le satellite et leur permettant de choisir l’endroit où se rendre. Et s’il convient pour l’instant de s’en tenir aux déclarations des acteurs, dès que le retour terrain sera mis en place, on sait que ce système classique du retour donné par l’utilisateur fonctionne très bien. Il faut juste laisser le temps que les choses se mettent en place…
VA : Qu’ont de particulier les destinations que vous suggérez dans votre rubrique « Inspiration » ?
F : Elles sont au nombre d’une soixantaine pour l’instant et ont été mises en avant pour différentes raisons : soit pour l’exemplarité de leur engagement, soit parce qu’elles souffrent d’une importante dégradation de leur contexte environnemental et qu’il faut en être conscient. Mais ce ne sont pas seulement des pays ou des lieux qui sont ainsi mis en avant ; des pratiques de voyage plus durables également auxquelles le voyageur ne pensera peut-être pas spontanément. Ainsi, sans culpabiliser ni dire que l’avion c’est mieux que le train, avons-nous mis en avant plusieurs périples ferroviaires en montrant à quel point ils constituaient des voyages formidables en eux-mêmes, sans même parler de durabilité.
VA : En quoi Flockeo est-il une communauté, de quelle manière l’internaute peut-il s’investir ?
F : Le voyageur peut déjà partager sur ses endroits favoris et donner les adresses d’endroits qu’il a particulièrement appréciés. D’ici quelques semaines donc, il pourra donner son avis sur les endroits répertoriés et pourra également s’exprimer dans la partie blog et les possibilités d’échange se multiplieront au fil des versions suivantes…
VA : Vous réservez une place aux organisations et gouvernements au sein de la communauté. Dans quel but et comment les y attirer ?
F : Notre but est d’être le plus utile et efficace possible. Or, tout ce qui est institutionnel est clé et la mobilisation de tous est indispensable. Raison pour laquelle nous avons voulu rendre possible l’implication des acteurs institutionnels. Il se trouve que les données dont dispose Flockeo peuvent avoir un grand intérêt pour démontrer la nécessité d’agir. C’est précisément ce qui s’est passé au Brésil où des personnes ayant constaté des actions très préjudiciables à l’environnement ont pu le démontrer et obtenir l’intervention du gouvernement local grâce aux données que fournissent les satellites.
VA : De quoi n’avons-nous pas parlé qui soit important pour vous ?
F : On aimerait juste insister sur le fait que Flockeo est une initiative française ayant une ambition mondiale et souhaitant offrir des solutions au sur-tourisme qui va devenir de plus en plus fréquent. Nous innovons, fournissons des outils nouveaux et espérons vraiment pouvoir aider à changer les pratiques. Notre espoir étant de devenir une sorte de Waze du tourisme, guidant le voyageur non seulement hors des zones subissant trop les effets néfastes du tourisme mais également vers celles, peu fréquentées, où il sera le bienvenu.
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