Incendies et feux de forêt : ne pas y voir que du noir
Ces dernières semaines, les feux de forêt apparus dans le sud ont fait la une des journaux, entraînant une mobilisation incroyable des pompiers, délogeant habitants et vacanciers, et détruisant des milliers d’hectares de nature. Si le constat est affligeant, sachant que ces feux sont en très grande majorité de responsabilité humaine, il est possible de voir un peu de ciel bleu dans ce paysage de cendres…
Des espèces adaptées aux feux de forêt
La nature, dans le sud de la France, est généralement aride et très sèche durant la saison estivale. Le maquis est constitué de broussailles et d’arbres adaptés au soleil méditerranéen : c’est un environnement qui sait faire face au feu, notamment parce que le sol s’enrichit des cendres dues à l’incendie, et parce qu’il permet d’éclaircir les zones sur lesquelles il passe, permettant aux espèces jeunes ou plus petites de bénéficier de plus d’ensoleillement. Dans ces conditions, le feu peut être vu comme partiellement régénérateur, comme un signe de renaissance.
Certaines espèces du maquis méditerranéen sont adaptées au feu : l’argousier et la bruyère, par exemple, ont leur tronc ancré dans le sol. Les flammes ne font ainsi que brûler les branches visibles à l’extérieur et ne tuent pas l’arbre, qui revit par la suite. Les cistes, ces arbrisseaux qui fleurissent entre le printemps et l’été, ont besoin d’espace et de lumière, qui peuvent être apportés par le feu. Celui-ci entraîne également une augmentation de leur germination, qui passe d’environ 30% à 90% sous l’effet de la chaleur. D’autres espèces, comme le chêne liège, justement protégé par son liège, et les pins, dont la germination est également accélérée par le feu, ont su se protéger voire trouver des ressources dans les incendies.
Quand la fréquence des incendies est trop importante…
Là où le bât blesse, c’est que les feux que nous connaissons actuellement sont bien trop fréquents pour laisser le temps à la nature de se régénérer : seules quelques espèces parviennent à revivre de leurs cendres, mais les incendies qui se déclarent chaque année sont dus à l’homme, et non au rythme de la nature. Sans nous, les incendies de forêts auraient lieu tous les dix ou vingt ans : à cette vitesse, la nature a tout loisir de renaître, puis de laisser de nouveau la place à la génération suivante.
Parmi les oubliés de ces feux désastreux, les animaux : les journaux se réjouissent qu’il n’y ait pas eu de morts, mais ne serait-ce pas laisser de côté toute la faune qui a disparu de la faute de la main de l’homme ? Il n’existe pas de chiffres à ce sujet, tant la question indiffère… La tortue d’hermann ou tortue des Maures, par exemple, est une espèce menacée et victime des incendies de forêt : on estime que seulement une tortue sur trois survit lors du passage du feu, et que bien souvent, celle-ci a de fortes chances de mourir par la suite car il lui est difficile de s’adapter à ce nouvel environnement. Sans compter celles que les gens rencontrent et ramènent chez eux, participant ainsi à la disparition de l’espèce dans son milieu naturel – et l’empêchant de se reproduire…
Ne nous voilons pas la face : les incendies devenus annuels dans le Sud de la France restent une catastrophe écologique, car leur fréquence ne permet pas aux forêts de se relever. Toutefois, le feu dans la nature n’est pas toujours synonyme de destruction : lorsqu’il intervient de façon non provoquée, il fait partie du cycle naturel de la vie et permet à la flore de retrouver une nouvelle jeunesse…
Merci aux guides du Domaine du Rayol pour ces précieuses informations !
Par Mélusine Lau
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