‘Overtourism’ ou le grand défi des années à venir
A l’international, on l’appelle overtourism – en français, nous pouvons le traduire, même si ce n’est pas très joli, par « sur-tourisme ». Symptôme des inconvénients du tourisme de masse, ce tourisme qui prône le toujours plus : toujours plus nombreux, toujours plus loin, toujours moins cher. Résultat, les arrivées touristiques dans le monde sont évaluées par l’OMT à 1,3 milliards en 2030, soit un sixième des habitants de la planète qui s’envolent ou roulent vers de nouvelles destinations… Un véritable trésor financier pour certains, une catastrophe pour beaucoup.
Les villes côtières sont les plus menacées
La majorité de la population mondiale vivant sur les côtes, c’est également là que s’agglutinent les touristes de tous bords. Bien desservies, les villes côtières attirent pour leurs plages, leur climat, et le fait de pouvoir y accéder en avion, voiture ou bateau. Malheureusement, certaines d’entre elles sont véritablement victimes de leur succès, au premier rang desquelles nos chères cités européennes comme Venise (nous évoquions déjà le sujet dans un précédent article) ou Barcelone. Tandis que la première se fragilise de plus en plus, la seconde voit ses habitants se faire gentiment « expulser » du centre-ville, où les hôtels et surtout les appartements loués spécialement pour les touristes font main-basse du foncier.
Le problème, au-delà de cet afflux constant qui peut s’avérer déplaisant pour les locaux voire pour les touristes eux-mêmes (où trouver un lieu pas trop touristique quand on est perdu au milieu des autres touristes ?), c’est qu’une grande partie des visiteurs ne sont là que pour quelques jours, voire quelques heures, et ne consomment pas autant qu’espéré.
Le problème des croisiéristes
A l’instar de New York, qui tente d’attirer les touristes vers Brooklyn ou le Queens pour désengorger Manhattan, les villes côtières ultra-touristiques souffrent de « l’effet croisière » : chaque année, ces monstres des mers déversent des flots de voyageurs qui inondent les rues des villes pour souvent quelques heures. Le problème ? Non seulement ils peuvent parfois sembler « envahissants », mais en plus, ils consomment peu. Voyageant souvent en offre de type demi-pension, ils arrivent en ville le ventre plein du petit-déjeuner à volonté servi le matin, et auront tout intérêt à revenir au bateau le soir pour profiter du buffet ! Résultat ? Un casse-croûte à midi, et quelques emplettes pour un souvenir express… En somme, un afflux touristique souvent peu intéressant pour ceux qui les reçoivent !
Selon Harold Goodwin, spécialiste du tourisme durable, les croisiéristes ne sont pas la mine d’or annoncée par les compagnies : « Bien sûr, ils vont visiter les lieux incontournables de la ville, mais pour Venise, par exemple, moins de 20% d’entre eux vont aller visiter le palais de Doges. Ce qui signifierait que plus de 80% de ces touristes ne paient pas pour visiter quoi que ce soit une fois sur place. Ils profitent juste des lieux publics et gratuits offerts par la ville, et c’est également vrai pour Barcelone ».
Pour contrer « l’effet croisière », certaines villes tentent de trouver la parade : à Venise, par exemple, on planche actuellement sur la possibilité de rendre l’accès au centre historique payant, ainsi qu’à la création de lignes de vaporettos (les bateaux-bus) spécifiquement faites pour eux. Quant à Barcelone, la maire Ada Colau a créé un plan stratégique pour le tourisme d’ici à 2020, dans le but de repenser la gestion du flux touristique qui envahit chaque année le centre-ville.
Si les organisations du tourisme durable tentent de trouver des solutions à ces problèmes, il reste difficile de faire reconnaître leur responsabilité aux compagnies de croisière qui, tant qu’elles continueront à pratiquer la tendance du all-inclusive, apporteront davantage de méfaits que de bénéfices aux villes dans lesquelles elles font escale…
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